Mini-reportage François, producteur d'osier n° 505 (2005)

Reportage et photos de Monique Bertet

François,
producteur d'osier

J'ai planté des saules en 1997. Les saules se plantent une seule fois, on les coupe tous les ans et ils repoussent. Je les ai mis dans un terrain argileux qui garde la fraîcheur durant le printemps.
J'en ai planté 5 familles : alba (jaune), fragilis (rouge), viminalis, triandra (les fleurs ont 3 étamines), purpurea (pourpre).
Depuis 2001-2002, j'obtiens une récolte à peu près correcte.
En décembre, quand il n'y a plus de feuilles, on coupe la plante au ras du sol, à la faucheuse. Il va repousser tous les ans.
L'osier est une pousse de saule d'un an.
Une fois coupées, on trie les pousses selon la longueur : les 260 cm ensemble, puis les 240 cm, les 220 cm jusqu'aux 80 cm. On les classe par différence de 20 cm.

Ensuite :
  • Soit on les laisse sécher avec l'écorce, cela donne de l'osier brut ; c'est ce qu'il y a de plus rustique dans la vannerie.
  • Soit, on les écorce. Pour cela, on les remet dans l'eau pour qu'elles forment des racines et fassent des feuilles ; la sève circule et c'est à ce moment là que l'écorce se décolle bien.

Pour décortiquer, il y a différentes façons de faire :

  • On prend une pince à décortiquer , on passe l'osier, on tire : l'osier est tout blanc, il ne reste que le bois. Autrefois, les hommes pelaient leur osier avec une petite pince à décortiquer, ils commençaient par les plus grandes pousses, celles de 120 cm. Les plus petites étaient décortiquées par les femmes : elles se mettaient assises sur une chaise, dans la rue ; elles commençaient toujours par le pied de l'osier.
  • Je dispose d'une machine, une décortiqueuse , qui fonctionne avec un moteur. A l'intérieur, trois petits jets d'eau arrosent, mouillent l'écorce, cela facilite le décorticage. On prend une poignée d'osier, une petite botte, on la tient bien et on en passe un bout dans la machine qui la décortique; on retourne, on passe l'autre bout de la botte.
  • Certaines grosses machines décortiquent des grosses bottes entières.
 

La décortiqueuse

Ensuite, on lave l'osier à l'eau parce qu'il peut y avoir de la sève qui reste et cela va tacher le bois ; on ajoute un peu d'eau de Javel dans l'eau pour le blanchir.
Puis, on le laisse debout, il égoutte et il sèche au soleil.
Je commence à décortiquer les plus grandes pousses le matin, je finis par les plus petites parce qu'elles mettent moins longtemps à sécher. Dans une journée, tout est à peu près sec.

Les écorces : les anciens les remettaient en bottes, en écheveaux et ils les vendaient aux jardiniers qui s'en servaient pour attacher leurs pieds de tomates ; cela fait des liens.
Moi je vends mes écorces de saule aux vignerons qui les épandent dans leurs vignes.
L'osier écorcé : on remet en bottes l'osier écorcé, on le laisse vieillir quelques mois au grenier. Je les vends dans des foires pour faire des paniers.
Les paniers : une botte fait à peu près 4 kilogrammes. Pour faire un panier, il faut environ 1 kilogramme d'osier mais l'osier est pris dans différentes bottes de différentes longueurs : il faut 3 ou 4 dimensions d'osier pour réaliser un panier. Quand on fabrique un panier, il y a peu de perte car les bouts peuvent être réutilisés dans d'autres vanneries. Certaines variétés d'osier s'adaptent plus facilement à certaines vanneries.
La vannerie est une technique très ancienne qui existait déjà au néolithique.